Habile, j'ai toujours eu plusieurs cordes à mon arc
Et quasiment autant de flèches dans mon carquois.
Ma vie est ce qu'elle est et tant pis pour les claques,
L'arbre que je vénère ne cache pas le bois.
Docile, je ne suis point. Et je suis en colère.
Car tout autour de moi, s'effondrent une à une
Toutes mes certitudes, encore vivaces hier.
J'aurais voulu, ce jour, haranguer la tribune.
Débiles sont ces hommes qui n'ont aucune foi
Stigmatisant leurs frères, leur refusant asile.
Et l'histoire se répète. Des gens, encore une fois,
Rejetés et bannis, parce que sans domicile.
Fragiles campements installés ça et là
Ils vont où va le vent, depuis des millénaires,
Ils n'ont d'autre patrie que celle qui les reçoit.
Vois la meute des chiens, lâchés sans muselières !
Édiles et populace, leur emboîtant le pas,
Emprisonnant ou reconduisant aux frontières.
Imagine demain, des puces dans le bras,
Qui cerneront nos vies, aux soumissions amères.
Fébrile, j'ai frissonné, comme si, quelque part,
On marchait sur la terre où je reposerai.
La honte de ce monde, à l'heure de mon départ,
Ne me quittera pas. Je n'aurai pas de paix.
Nina Padilha © 18/08/2010
Suite à l'expulsion musclée des campements de Roms.
Je fais remonter ce texte car ma colère n'est pas retombée.
On change les noms, et c'est toujours actuel.
Ignoble !