Les chaises de Nina

Pourquoi s'est-il levé, ce Marin déchaîné ?

Il a fait la nouba, toute la nuit durant,

Hurlant comme les loups, exalté, effréné.

Et ce matin encore, furieux, vociférant,

Décoiffe les jardins, chahute les palmiers,

Dansant avec la pluie, s'époumone, soufflant  

De violentes rafales. Les arbres sont pliés…

Semblant indifférents : de rares goélands

Qui déchirent la brume, virtuoses du vent.

J'ai ouvert la fenêtre donnant sur la terrasse,

Pour inspecter mes fleurs, abritées sous l'auvent

Et j'attends, désœuvrée, que la tempête passe. 

Nina Padilha © 05/03/2013

Voguent mille galères sur la mer de l'histoire…

Si fats sont les humains, oubliant leur mémoire

Qui fait que, trop souvent, on avance toujours

En ruban de Möbius, sur le même parcours.

On croit changer de boucle, tant la distance est grande.

Et puis, tout étonnés, on finit par comprendre

Que c'est la même chose, inévitablement.

Un éternel replay, ce recommencement !

Parfois, comme un sursaut : une belle prouesse

Qui nous fait jubiler, donne de la hardiesse…

Un tel qui a osé, un autre ne veux pas

Et quelques réfractaires lui emboîtent le pas.

Certes, en d'autres lieux, de nouveaux personnages ;

Scénario identique pour les mêmes images.

Rien de neuf,  croyez-moi, mais les mêmes erreurs.

Peut-être plus vicieux quand il s'agit d'horreur…

Nina Padilha © 03/03/2013

Le pasteur démissionne. Fatigué, a-t-il dit.

Les brebis étonnées, groupées près des coupoles

Se posent des questions et prient, abasourdies,

Pour celui qui agite curie et protocole.

Le monde, un instant, se tourne vers l'enclave,

Colporte des rumeurs engendrant la défiance.

Les soutanes, bientôt, réunies en conclave

Devront se prononcer et choisir, en urgence,

Celui qui sera digne du trône de Saint Pierre,

Qui, maintenant vacant, suscite convoitises.

Tous se voient exercer le divin ministère.

Fusent les commentaires, les appétits s'aiguisent…

Mais celui qui sera désigné par ses pairs,

Sait-il ce qui l'attend, en chaussant les sandales ?

Il devra exceller sans commettre d'impairs,

Pour y mettre bon ordre, étouffer les scandales …

Les écuries d'Augias saura-t-il nettoyer ?

Saura-t-il éventer les finances obscures ?

Entendra-t-il enfin l'émouvant plaidoyer

Des ouailles affamées dont personne n'a cure ?

Saura-t-il gouverner avec subtilité

L'assemblée obsolète de ce clergé néfaste ?

Faire preuve de courage, en toute liberté,

Et ne pas ronronner dans les ors et le faste ?

J'ai lu, comme beaucoup, les écrits de cet homme

Vivant au moyen-âge, appelé Malachie.

Le pontife prochain serait natif de Rome.

Le dernier sur la liste. Je me demande qui…

Il oserait porter le prénom initial

Et s'appellerait Pierre, le deuxième du nom.

Donc, ces pages d'histoire auraient un point final ?

Ce serait le dernier. Faut-il y croire ou non ?

Nina Padilha © 28/02/2013

Certes, le froid s'est renforcé

Aux derniers jours de février.

Le ciel est bleu, le vent glacé,

Ma plume boude l'encrier.

Mais ce matin, bouton de rose

Annonce le printemps prochain.

Jolie fleur qui, tantôt éclose,

Illuminera mon "jardin".

Les frimas vont s'évanouir

Et laisser place aux beaux jours.

Mon fils pourrait bien revenir

Et profiter de son séjour.

Dans la joie et la bonne humeur,

Nina Padilha © 23/02/2013

J'hésite, malgré moi, en bordure des mots

Qui jaillissent d'un cœur battant pianissimo.

Le matin est si beau : l'azur plein de soleil

Adoucit mon chagrin qui a pleuré la veille.

Et je bois mon café, debout sur la terrasse

Mais l'arbre confident, dont il reste des traces,

Ne pourra plus combler ce vide désolant.

Au ciel, indifférents, croisent des goélands…

Le sacre du printemps, dont je sens les prémices,

Éclatera sans lui, offert en sacrifice

Sur l'autel impérieux des humains égoïstes.

Son absence me deult et mon âme d'artiste

S'est recroquevillée sous un sourire feint.

Combien de vénérables ont une triste fin

Dans ce monde cruel détruisant la nature ?

Un secours bienvenu : me reste l'écriture…

Nina Padilha © 20/02/2013

Chaque départ engendre un précipice en soi sans jamais combler le vide.

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